lundi 12 octobre 2015

De l'Auvergne au Midi-Pyrénées

Dimanche 11 octobre, 15h30, après une petite sieste allongé sur un muret, je sens que le voyant rouge ne va pas tarder à changer de couleur. Je range mes affaires, et au moment où il ne restait plus que le chargeur à mettre dans le sac, il devient vert. Quel talent ! Je commence à savoir estimer avec précision la durée de charge, en fonction de ce qu’il restait avant.

Avant de partir, je contacte Hélène dont j’ai repéré le profil sur Warm Showers, qui accepte de m’héberger pour la nuit à Cayrols, environ 45 kilomètres vers le sud-ouest. J’utilise le GPS qui me fait emprunter des beaux chemins en forêt et des routes peu fréquentées. Je pensais en arrivant dans le Cantal que j’en avais fini avec les montagnes du massif central, mais je continue de franchir régulièrement des vallées plus ou moins encaissées. L’itinéraire proposé me fait prendre un raccourci dans les bois, sur un chemin forestier très en pente. J’arrive en haut en sueur après avoir poussé la roue sur un dénivelé positif d’une bonne centaine de mètres. Plus loin, je franchis d’énormes flaques de boue que je ne peux contourner. La roue s’embourbe jusqu’à la hauteur des cale-pieds, je n’ai pas le droit à l’erreur sinon je prends un bain de boue jusqu’aux chevilles.

Je poursuis ma descente assez longtemps sur des routes rurales parmi les troupeaux de vaches et les petites fermes. C’est une région très sauvage, il n’y a pas de réseau, j’aurais vite fait de me perdre sans le GPS.

J’arrive en fin d’après-midi où je suis accueilli par Hélène, Adon et leurs nombreux amis venus les aider pour la rénovation de leur maison. L’accueil est chaleureux, et nous passons une bonne soirée dans le jardin autour d’un feu de cagette en mangeant des châtaignes, de la soupe et des sandwichs de récupération réchauffés à la poêle sur les braises. J’aime la variété des hôtes que l’on peut trouver sur ce site internet, après la grande maison luxueuse de Marc dans l’Allier, ici rien à voir, c’est beaucoup plus rustique, avec toilettes sèches et sans eau chaude. Le principal c’est de bien dormir, et après la mauvaise nuit précédente, ça ne va pas être dur.

NUIT 15 : J’ai chargé chez Hélène et Adon.

Avec Hélène et Adon, à Cayrols.

Lundi 12 octobre, 10h, après un petit-déjeuner en compagnie d’Adon, je débranche la roue qui s’est goinfrée pour la deuxième fois d’électricité "propre et responsable" et je m’apprête à reprendre la route en direction de Figeac. Je prends deux pommes dans le jardin, où le pommier en laisse tomber bien plus que ce que les gens ont le temps de consommer. Puis je pars en obéissant, parfois à tort, au tracé proposé par le GPS, qui invente carrément des chemins où il n’y en a visiblement jamais eu. Il finit par me faire perdre dans un pré chaotique où la roue se bloque dans un trou et me fait tomber dans l’herbe. Première petite chute du voyage… filmée en plus.


Je continue à pied, et franchis quelques clôtures électriques et barbelés, en faisant passer à chaque fois d’abord la roue puis le sac à dos. Je me retrouve dans un pré que je suis contraint de contourner par celui d’à côté, car quelques vaches avec de longues cornes semblent ne pas vouloir me laisser passer. Une en particulier, renifle méchamment et son regard me fait comprendre que je n’ai pas intérêt de venir faire des traces de pneu sur son herbe.
Après deux ou trois franchissements de barbelés supplémentaire, je finis par retrouver le bitume, et c’est à ce moment que j’arrive enfin dans la région Midi-Pyrénées.

Après une grosse descente, j’arrive à Bagnac-sur-Célé, où je suis bloqué pas les gendarmes car Emmanuel Macron est en visite et il ne faudrait surtout pas le déranger dans le périmètre de sécurité qui occupe tout le centre du village. Je contourne par des petites rues et arrive sur la Nationale qui va à Figeac, le long du Lot et de la voie ferrée. Il y a beaucoup de gendarmes dans le coin à cause de la venue du ministre, mais aucun ne m’embête, pourtant je ne suis pas vraiment sensé emprunter la route avec mon appareil.

C’est seulement en arrivant à Figeac que je m’aperçois que j’ai oublié mes protège-poignets à Cayrols. Tant pis, j’éviterai de tomber jusqu’au prochain Décathlon.
Je n’ai pas vraiment faim, je décide d’aller faire une petite pause recharge à la gare. N’ayant fait presque que de la descente, la batterie est encore à moitié pleine malgré la bonne quarantaine de kilomètres effectuée.

Assis dans la salle d’attente, j’entends « Le train pour Toulouse va partir ». C’est tentant, ça me ferait gagner deux jours ! Hier soir également deux jeunes m’ont proposés de m’emmener à Albi en voiture. Mais je n’ai pas triché pour le moindre kilomètre jusqu’ici, ce n’est pas le moment de craquer. Il ne me reste plus que quatre nuits à passer selon mes estimations, dont deux où je sais où dormir, je commence à voir le bout, il faut tenir bon !
Si je suis efficace, je peux réussir à dormir chez un ami à Toulouse demain soir, à condition de rouler beaucoup, voire même une partie de la nuit…

Avant de repartir je reçois un appel d’Adon qui me dit qu’il passe bientôt par Figeac, et peut m’apporter les protège-poignets qu’il a retrouvé dans son jardin. Coup de chance ! Plus besoin de trouver un Décathlon finalement.

Il est 16h, la charge est terminée, à peine je suis reparti Google me fait déjà une blague en voulant me faire emprunter la voie ferré... je lui pardonne une fois de plus, il est bien précisé que l'itinéraire vélo est à utiliser avec précaution car c'est une bêta.


Je continue mon périple à travers le département du Lot, où le paysage évolue petit à petit. Ici c'est plus sec, je traverse des forêts de chêne, puis un immense terrain de chasse gardée avec un labyrinthe de sentiers où j'aurais vite fait de me perdre sans les indications destinées aux pèlerins. Je suis le GR65, un chemin de Compostelle, jusqu'au petit village de Bach où la plupart des habitations sont des gites, des auberges ou des chambres d'hôte. Je ne suis pas spécialement tenté d'aller dormir dans une de ces maisons car il fait beau et chaud dehors. Rapidement je trouve deux prises électriques à l'extérieur d'une maison. Je n'ai qu'un petit muret à enjamber, ça ne se fait pas, mais je le fais. Je m'allonge sur la pelouse à côté d'une ruche et observe les étoiles à côté des bourdonnements d'abeille.

Nuit 16 : J'ai chargé dans le jardin d'une maison.


Il me reste 110 kilomètres jusqu'à Toulouse, ça va être difficile de le faire en une journée mais faisable si je pars tôt. L'objectif de demain est de dormir chez Rémi, un ami que je connais depuis le lycée.

13 commentaires:

  1. Tu vas trop vite, qu'est-ce qu'on va lire quand tu aura fini ? On attend la vidéo... Même si c'est pas drôle

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    1. Si bien sûr que c'est drôle ! C'est toujours drôle une chute ;)
      Je peux continuer de rédiger des articles sur mes balades en région parisienne, mes trajets pour aller au boulot et au supermarché... mais je crains que ça soit très ennuyant à lire :p

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  2. Quelle belle étape ! Des gens sympas, des vaches pas sympas, des chênes et des chutes... On a l'impression de lire les aventures de Tom Sawyer, chapardage de pommes et d'électricité...
    J'espère que tu filmes un peu tous les jours pour reconstituer ton périple plus tard. Le montage t'occupera l'esprit, car après cette aventure, ça va faire comme un vide. Bonne route !

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    1. Bon résumé de cette étape ! J'ai filmé un peu (trop) tous les jours, ça va être fastidieux de sélectionner ce que je garde pour le montage...

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  3. Bientôt tu devrais écrire sur le déroulement de tes journées de travail...belle écriture!
    Go for it Champ!

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    1. Pas sûr que le déroulement de mes journées de travail soit très passionnant...
      Merci de m'avoir suivi depuis mon passage chez toi !

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  4. Respect mec !! Je suis 8eme au classement Ninebot One (DJ Bot) avec 3700km et quelques à mon actif. J'aurais bien fait quelques kil avec toi si TT passé vers Geneve, mais la T deja tres loin! Toute facon je suis bloqué à 22km/h alors je t'aurais retardé! C'est un plaisir de te lire, bonne route, fais bien gaffe!

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    1. Si mon Ninebot n'était pas parti au SAV et remplacé par une nouvelle roue au bout de 1915 km, je serais presque au même niveau que toi au classement ;)
      Environ 3500km cumulés sur mes 2 Ninebot, et 1800km désormais sur mon GotWay !
      Peut-être une prochaine fois sur Genève... tu sais je ne roule pas si vite que ça, je suis endurant, mais prudent, je dépasse rarement 25km/h ;)
      Merci de m'avoir suivi !

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  5. Ça va, tu gardes le sourire même en cas de chute, ne te fais pas trop mal quand même !

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    1. Une seule chute sur autant de kilomètres, je m'en sors bien. Surtout dans un pré à faible vitesse, je ne risquais rien. Mais il a fallu que ça arrive la seule fois où je n'avais pas les protège-poignets !

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  6. Salut. Maintenaient tu fait de bonne rencontre. C est très sympas de te lire surtout lorsque l on partage ton moyen de transport :-) en tout cas bonne continuation et bonne route. Dit à tes rencontres que nous te suivont que que c est bien qu il t accueil.

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  7. Ha j'adore ! Tiens le coup pour ne pas céder à la tentation de la voiture ! Moi je suis fan de ce projet qui avance à grand pas ! Les rencontres se font meilleures tant mieux pour toi ! C'est toujours plus agréable .
    Et je suis encore plus fan de la vidéo de ta chute haaa (bien évidemment parce qu'elle était sans gravité lol)
    ��

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    1. J'ai tenu le coup jusqu'au bout, plus de 1500km sur la roue, et environ une vingtaine à pied, mais jamais d'autres moyens de déplacement. Je savais que je ne craquerais pas, à moins d'un problème technique grave.
      La chute est très drôle, je l'ai regardé des dizaines de fois :D
      A bientôt !

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